Neymar de nouveau blessé, la star du PSG est-elle trop fragile ou maudite ?
Neymar est encore sorti sur blessure, mercredi soir, en match de Coupe de France face à Caen. La star du PSG est donc forfait pour le match de Ligue des champions, mardi, contre Barcelone. Le joueur est-il trop fragile ou subit-il trop de fautes ? Analyse avec Philippe Sanfourche, journaliste qui suit le Paris Saint-Germain pour RTL.
La terrible rengaine hivernale s’était presque fait oublier au Paris Saint-Germain : quand revient l’Europe, disparaît Neymar.
Le Brésilien, capitaine d’un soir en Normandie, a quitté la pelouse du stade Michel-d’Ornano sur blessure, à l’heure de jeu, lors de la victoire de Paris sur Caen (1-0) dans en 32es de finale de la Coupe de France. Une blessure commentée par son entraîneur à l’issue de la rencontre.
« Vous avez pu voir que Neymar était touché à l’adducteur », a expliqué Mauricio Pochettino. « On doit attendre demain [aujourd’hui, Ndlr] avec le staff médical pour voir l’évolution de la blessure. Ce soir, je ne sais pas la réalité de la blessure. J’espère que ce n’est pas grand-chose mais on en saura plus après les examens. »
« Des choses qui arrivent »
Une question évidente se pose : était-ce bien judicieux faire jouer Neymar contre un club de Ligue 2, à une semaine du rendez-vous le plus important de ce début d’année ? Pour Pochettino, « ce sont des choses qui arrivent. Il était en condition pour jouer » , a-t-il rappelé.
Une décision logique aussi pour Philippe Sanfourche, journaliste radio à RTL. Il suit l’activité du PSG au quotidien, et de très près. Le cas Neymar, il le connaît très bien et rappelle que cette titularisation n’est pas que du fait de l’entraîneur : « Avec un joueur comme Neymar il faut savoir que ce n’est pas l’entraîneur qui décide « tu vas jouer 90 minutes » comme ça. Le joueur est systématiquement consulté, il y a des données sur ses niveaux de récupération, de performance. Tout ça c’est un travail d’équipe et Neymar quand il débute il est le premier à vouloir débuter. »
D’autant plus que Neymar n’avait pas beaucoup joué dernièrement, comme l’explique le journaliste : « il ne faut pas oublier qu’il n’a joué que quelques minutes contre Marseille. Il sortait d’une gastro, plus ou moins diplomatique, au lendemain de son anniversaire et il était suspendu le match précédent face à Nîmes. Au final s’il ne jouait pas à Caen, il pouvait faire plus de deux semaines sans avoir de rythme dans les jambes. C’est justement là qu’interviennent les risques de blessure les plus importants. »
Cette blessure devrait, vraisemblablement, priver le numéro 10 parisien du 8e de finale de Ligue des champions aller contre Barcelone, son ancien club. Une absence qui est devenue une triste rengaine dans l’histoire du Brésilien au PSG.
Un passé qui rend la blessure d’hier encore plus lourde de sens pour le club : « Il a déjà raté par deux fois des rendez-vous en Ligue des champions aussi important à ce stade donc pour lui, pour l’ensemble de confiance que ça diffuse dans le club, c’est doublement négatif. » En attendant, après la rencontre, sur Twitter, Neymar préférait se reposer sur sa foi : « Honneur et gloire à Dieu dans tous ces moments ».
Alors que penser de Neymar et de ses blessures à répétition ? Le Brésilien dispute actuellement sa quatrième saison au Paris Saint-Germain. Quatre, c’est également le nombre de saisons qu’il a passé à Barcelone. Sur cette période, de 2013 à 2017, il n’avait manqué que 15 rencontres. Alors que sa quatrième saison est encore en cours avec Paris, il a déjà manqué 65 rencontres. Plus de quatre fois plus. Pour l’expert du PSG, on peut trouver plusieurs explications :
« Il est évident qu’il a sûrement une fragilité plus importante que d’autres, avec une musculature un peu moins développée. Son style de jeu fait que s’il se renforçait musculairement il perdrait aussi en fluidité, en rapidité sur ses appuis. Après il y aura toujours cette suspicion de l’hygiène de vie qui n’est pas optimale. Les années qui passent renforcent aussi forcément ses chances de se blesser. »
Le joueur qui subit le plus de fautes
En octobre dernier, après deux mois de championnat, l’Observatoire du football CIES mettait en évidence une statistique lourde de sens : Neymar était le joueur des « cinq grands championnats » (Angleterre, Espagne, Italie, Allemagne et France) qui subissait le plus de fautes en fréquence, avec en moyenne une faute subie toutes les 20 minutes et 39 secondes.
Cette accumulation de fautes subies a forcément des conséquences, comme l’explique Philippe Sanfourche : « ce n’est pas anodin que la blessure aux adducteurs se fasse dans la foulée d’une action où il prend un énorme tampon. Forcément il est tellement sollicité, il prend tellement de coups dans un match que ça peut altérer sa concentration dans l’action qui suit, l’appui est moins bon et il se blesse. Tout ça s’explique un peu. »
Alors que son absence a été officialisée mais qu’on ne connaît pas encore la durée de son indisponibilité, quelles seraient les conséquences d’une élimination précoce dans la compétition pour le PSG ? Pour le journaliste RTL, il n’y a pas d’inquiétude à avoir ni sur le projet parisien, ni sur le futur de Neymar.
« Le projet est quand même sur le long terme et l’une des finalités ça reste d’être la vitrine pour la Coupe du monde au Qatar donc ça ne changera pas grand-chose. Pour Neymar, ce qui ne devrait pas changer non plus car c’est déjà quasiment acté, c’est qu’il devrait rester au PSG. » Une prolongation qui, si elle n’est pas officielle, semble acquise à Paris.
Mais une élimination contre Barcelone pourrait à l’inverse influer le destin d’une autre star de l’équipe : « ça peut, peut-être, provoquer quelque chose par rapport à Mbappé qui lui est toujours dans l’expectative à se poser des questions. S’ils se font éliminer c’est une énième représentation du fait qu’il manque encore des choses au PSG et un joueur comme lui, qui a de grosses ambitions personnelles et collectives, ça peut être le déclencheur. »
Dans la subtilité qui le caractérise tant, Pascal Dupraz, l’entraîneur normand, déclarait hier après la rencontre : « je ne vais pas pleurer, je laisse ça à Neymar. » À moins d’une semaine d’un déplacement capital à Barcelone, alors que Neymar ne pourra pas jouer, ce sont les supporters Parisiens qui doivent avoir les larmes aux yeux.