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Nahel : Florian M., le policier soupçonné du tir, remis en liberté 

Florian M., soupçonné d’avoir mortellement atteint le jeune Nahel en juin, était détenu depuis le 29 juin. Il a finalement bénéficié d’un aménagement à la faveur du versement d’une caution de 15 000 euros.

Le policier auteur du tir mortel contre Nahel fin juin, à Nanterre (Hauts-de-Seine) est sorti de prison, sur décision d’un juge d’instruction selon une information de France Inter ce mercredi, confirmée par l’AFP. Florian M., 38 ans, mis en examen pour meurtre, avait été interrogé jeudi par les juges d’instruction.

Placé sous contrôle judiciaire, il doit « verser un cautionnement » , qui selon nos informations s’élève à 15 000 euros, et a interdiction d’entrer en contact avec les témoins et les parties civiles, « de paraître à Nanterre » et de « détenir une arme », a détaillé cette même source.

Ses demandes de remise en liberté avaient jusqu’ici été refusées par la justice, dont la dernière par la chambre de l’instruction de Versailles, le 26 octobre. Dans leur arrêt, les magistrats versaillais avaient notamment estimé nécessaire « d’empêcher une pression sur les témoins ».

« Il était grand temps », selon son avocat

Pour son avocat, Me Laurent-Franck Liénard, « il était grand temps » que cette libération intervienne. « Ce policier a passé quatre mois en prison, alors qu’il n’avait rien à y faire. L’instruction va se poursuivre et on va continuer à se battre », assure-t-il.

Son conseil avait déposé une nouvelle demande de remise en liberté jeudi 9 novembre, a précisé le ministère public. Les juges d’instruction « ont décidé d’y faire droit, estimant que les critères légaux de la détention provisoire du policier incarcéré depuis le 29 juin 2023 n’apparaissaient plus remplis à ce stade de l’instruction », a ajouté le parquet. Me Laurent-Franck Liénard, avait annoncé former « un pourvoi en cassation », estimant cette détention « illégale ».

Le préfet de police de Paris Laurent Nuñez a précisé ce jeudi matin sur BFMTV/RMC que ce policier et sa famille faisaient l’objet d’une mesure de protection. Ils ont été victimes « dès les premiers jours de menaces extrêmement graves. Évidemment qu’ils font l’objet d’une surveillance », a déclaré le préfet de police. « Comme à chaque fois que des citoyens français font l’objet de menaces graves, ils font l’objet de protection », a-t-il appuyé.

Le drame s’est noué le 27 juin vers 7h55 quand deux motards de la direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC) avaient remarqué une Mercedes Classe A jaune, qui roulait à vive allure sur une voie de bus vers l’université de Nanterre. Le conducteur leur avait semblé très jeune. Une course-poursuite s’était engagée avec les policiers. Après avoir grillé un feu rouge et traversé des passages protégés, le conducteur avait été stoppé par les embouteillages près de la place Nelson-Mandela.

L’un des policiers, appuyé sur le capot, avait alors braqué son arme sur Nahel, le garçon derrière le volant. Après avoir redémarré la voiture, le mineur avait reçu une balle au niveau du bras et du thorax, le touchant mortellement. Le policier, au parcours jusqu’alors sans faute, avait été placé en garde à vue dans les locaux parisiens de l’Inspection générale de la police nationale.

« Que justice soit rendue à Nahel »

« Cette remise en liberté est un soulagement pour tous les policiers de France, se réjouit Matthieu Valet, le porte-parole du Syndicat indépendant des commissaires de Police. Mais c’est cinq mois de trop pour lui. En réalité, les conditions pour qu’il reste en liberté étaient réunies depuis le début. Mais on a préféré maintenir la paix sociale en le mettant en prison. » « Et encore cette paix sociale, nous ne l’avons même pas eue, soupire Julien Schenardi, le responsable Île-de-France d’Alliance Police nationale. Au moins, notre collègue va pouvoir retrouver les siens pour les fêtes de Noël ».

Le maire (DVG) de Nanterre Raphaël Adam a « pris acte » de la remise en liberté du policier et des conditions de son contrôle judiciaire. « Je souhaite que l’enquête sur la mort injustifiable d’un jeune Nanterrien de 17 ans progresse et continue d’exiger, avec toute l’équipe municipale, que justice soit rendue à Nahel », a-t-il ajouté.

Le motard avait reçu le soutien de nombreux donateurs via une cagnotte ouverte par le polémiste Jean Messiha pour la famille du représentant des forces de l’ordre. L’initiative avait rapporté 1,6 million d’euros aux proches du tireur présumé, mais elle avait également fait polémique. La famille de Nahel avait notamment déposé plainte. Cet argent ne peut, quoi qu’il en soit, pas servir à payer une caution, une amende ou des dommages et intérêts.

La mort de Nahel avait déclenché plusieurs jours d’émeutes dans de nombreuses communes, pour des dégâts estimés à 730 millions d’euros.

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