Bien-être

Ta plus longue relation amoureuse a durée combien de temps

Dr Bernard Geberowicz. – Chez les trentenaires notamment, j’observe un besoin d’intensité permanente et la crainte que, lorsque le niveau de celle-ci baisse, le sentiment amoureux diminue lui aussi. D’un côté, ces jeunes adultes sont très sensibles et rétifs à l’habitude (ils zappent sur leurs écrans, surfent d’un site à l’autre…), devenant quasiment intolérants à la frustration. De l’autre, ils ont entendu dire que l’amour, dans sa version passionnelle, est une sorte de pathologie qui ne durera que trois ans, alors ils se disent: «autant passer tout de suite à une autre aventure»…

En réalité, le sentiment amoureux des débuts est un socle essentiel pour s’engager en conscience avec un partenaire. Ce qu’il faut comprendre de cette relative brièveté émotionnelle, c’est qu’elle invite à passer à une autre dimension. L’intensité permanente, ça n’est pas possible. Il faut qu’alternent entre les partenaires des temps de détente, voire de retrait, et des temps d’intensité fusionnelle. L’harmonie dans la vie à deux passe par des rythmes différents, mais coordonnés.

Vous dites que vous vous intéressez dans votre métier de psychothérapeute à ce qui fait marcher un couple. À quoi pensez-vous?

Souvent, lors de la première séance, les couples arrivent avec une longue liste toute prête de ce qui ne va pas. Et je les laisse longuement exprimer cela parce que les partenaires en ont besoin. Mais à un moment, je leur demande: «Qu’est-ce qui va bien entre vous? Qu’est-ce qui fait que vous tenez à l’autre? Que vous restez ensemble et que vous veniez consulter à deux?» C’est une manière de leur signifier que je les tiens pour coresponsables et co-créateurs de leur couple. Voilà une première donnée. Puis, la curiosité qu’ils ont l’un pour l’autre est essentielle. Et celle-ci demande à être cultivée, entretenue régulièrement afin que les routines d’éloignement, inévitables, ne s’installent pas.

Vous pensez au fameux week-end en amoureux auquel beaucoup ont recours pour pouvoir se retrouver, communiquer?

Le terme de communication est un mot-valise. Je lui préfère celui d’une conversation qui ne ressemble pas à ce qu’on se dit au quotidien. Ce type d’échanges peut d’ailleurs tout à fait se vivre dans son environnement familier, du moment qu’on y consacre du temps. Il repose sur la capacité à parler de soi à la première personne, à oser demander, à s’intéresser à là où en est l’autre…

Je constate que, dans de nombreux couples, chacun est persuadé que l’autre «n’a plus envie» – et la dimension sexuelle prend énormément de place -, le manque de confiance en soi s’installe chez les deux partenaires… Alors qu’il suffit bien souvent d’oser exprimer ses demandes et d’entendre celles de l’autre. Chaque jour, je constate les méfaits de ces malentendus qui usent la relation! Et ainsi, le quiproquo du type: «Il est évident que l’autre, s’il m’aime, doit comprendre cela sans que j’aie à le lui demander!» Lorsqu’on y réfléchit, on voit bien qu’il ne peut donner lieu qu’à des impasses relationnelles.

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