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Une athlète française ne pourra pas porter son voile pendant la cérémonie d’ouverture des JO

Sounkamba Sylla, sprinteuse française et musulmane pratiquante, a exprimé son regret de ne pas pouvoir porter le voile lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques sur la Seine. Bien que le CIO autorise les signes religieux pour les athlètes, la France impose à ses sportifs un régime de laïcité strict, ce qui suscite des controverses.

Membre du relais français 4x400m en athlétisme, Sounkamba Sylla ne commencera ses épreuves qu’à partir du 9 août prochain, sur la piste violette du Stade de France. Cependant, à seulement 48 heures de la cérémonie d’ouverture des JO 2024, l’athlète de 26 ans fait déjà la une de l’actualité.

Lundi, sur son compte Instagram, Sounkamba Sylla a exprimé sa frustration : “Tu es sélectionnée aux JO, organisés dans ton pays, mais tu ne peux pas participer à la cérémonie d’ouverture parce que tu portes un foulard sur la tête”, a-t-elle ironisé en évoquant le “pays de la liberté”.

Musulmane pratiquante, souhaitant couvrir ses cheveux tant en compétition qu’en dehors, Sounkamba Sylla se heurte au “principe de laïcité strict” prôné par le sport français. Une exception contestée, au cœur de cette polémique.

Pas d’interdiction du côté du CIO ou de la Fédération internationale…

En ce qui concerne le port du voile, le Comité international olympique (CIO) laisse aux athlètes la liberté de choix. La charte olympique n’interdit pas les signes ou vêtements à caractère religieux, stipulant simplement (article 50) qu’”aucune sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale n’est autorisée dans un lieu, site ou autre emplacement olympique”. Par exemple, lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques 2021 à Tokyo, les athlètes de la délégation iranienne avaient défilé avec un voile.

La charte précise également dans ses “principes fondamentaux” que “la jouissance des droits et libertés reconnus (dans la charte) doit être assurée sans discrimination d’aucune sorte, notamment en raison de la race, la couleur, le sexe, l’orientation sexuelle, la langue, la religion, les opinions politiques ou autres, l’origine nationale ou sociale, la fortune, la naissance ou toute autre situation”.

Quant aux fédérations internationales des différentes disciplines, chacune applique son propre règlement en compétition, et la plupart n’imposent aucune interdiction, à l’exception évidente du prosélytisme. C’est notamment le cas de la Fédération internationale d’athlétisme.

Mais en France, pays de la laïcité, le port du voile est interdit. Interrogée sur le sujet en septembre 2023, Amélie Oudéa-Castéra avait réaffirmé son “attachement à un régime de laïcité strict”. “Cela implique l’interdiction de toute forme de prosélytisme et la neutralité absolue du service public. Les représentants de nos délégations dans les équipes de France ne porteront pas le voile”, rappelait la ministre des Sports.

Selon le ministère, les athlètes français sont considérés, lors des Jeux, comme des personnes investies d’une mission de service public, et doivent donc respecter une certaine neutralité.

Oudéa-Castéra avait également évoqué, pour étayer son argumentation, une décision du Conseil d’État de juin 2023. L’institution, contre l’avis de son rapporteur public, avait maintenu l’interdiction du port du hijab dans le football féminin en France, estimant que “les fédérations sportives (la FFF dans ce cas précis, NDLR), chargées d’assurer le bon fonctionnement du service public dont la gestion leur est confiée, peuvent imposer à leurs joueurs une obligation de neutralité des tenues lors des compétitions et manifestations sportives afin de garantir le bon déroulement des matchs et prévenir tout affrontement ou confrontation”.

Cette position française, particulière et imposée à tous les athlètes concourant sous la bannière tricolore, avait été critiquée par l’ONU en septembre dernier, quelques jours après la déclaration ferme de la ministre des Sports. “De manière générale, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme estime que personne ne devrait imposer à une femme ce qu’elle doit porter ou non”, avait réagi la porte-parole du Haut-Commissariat, Marta Hurtado, depuis Genève, exprimant une opposition de principe et déplorant des “pratiques discriminatoires qui peuvent avoir des conséquences néfastes”.

Plus récemment, Amnesty International a également pris position. Dans un rapport de 32 pages publié le 16 juillet 2024, l’ONG dénonçait “les atteintes aux droits humains des femmes et filles musulmanes causées par l’interdiction du foulard dans le sport en France”. “Amnesty International a étudié les règlements sportifs dans 38 pays européens et a conclu que la France est le seul pays à avoir adopté une interdiction des couvre-chefs religieux, soit dans des lois nationales, soit dans des règlements sportifs spécifiques”, écrivait Amnesty. Pas de quoi faire plier (jusqu’à présent) le ministère des Sports, d’autant que le CIO, malgré sa charte et ses principes, n’a jamais exprimé son désaccord.

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