Actualités

Récit : Les dessous de l’histoire d’amour tumultueuse entre Brigitte Bardot et Gunter Sachs

L’idylle a débuté à l’aube de l’été 66, lorsque l’actrice la plus en vogue du moment arrive à Saint-Tropez. Le fiancé actuel de Brigitte Bardot, Bob Zagury, ne l’accompagne pas ; il est resté à Paris pour se lancer dans la production. Et B.B. a une idée : La Madrague peut attendre, elle veut se rendre dans le restaurant de ses amies Lina et Picolette, à Gassin, avec trois connaissances. À quelques tables de la leur se trouve Gunter Sachs, playboy de renom, dont la taille de la liste de ses conquêtes n’a d’égal que son porte-monnaie (il a côtoyé, par exemple, l’ex-impératrice d’Iran, Soraya).

C’est presque étrange que les deux ne se soient jamais croisés, puisque Gunter Sachs habite à Saint-Tropez. Mais dès lors que cette rencontre a enfin lieu, c’est le coup de foudre. Les deux filent à Papagayo, la célèbre boîte de nuit, chacun dans sa Rolls, et à l’aube, Bardot ne veut même plus rentrer à La Madrague, où il y a « trop de monde », apprend-on dans les mémoires de Sachs. Qu’à cela ne tienne, la paire file à La Ponche, le célèbre hôtel, où une chambre leur est préparée. Le passage sera rapide, mais mémorable : depuis, la suite n°1 a été renommée « Bardot », et la n°15 « Sachs ». Dès lors, le jeune couple passe le plus clair de son temps ensemble. Ils dînent ensemble, il lui offre des bijoux, et enfin, pose le genou à terre. B.B. accepte, évidemment. Gunter s’occupe du voyage. Ils devront voyager avec des noms d’emprunt : Mme Mordat et M. Schar. Une fois à Los Angeles, le politicien Edward Kennedy leur prête un avion, direction Las Vegas, avec quelques amis. Là-bas, deux Cadillac noires attendent le petit groupe, direction le juge des mariages. « Yes », dit Brigitte Bardot. « I do », la corrige-t-on.

Au petit matin, retour à Los Angeles pour la joyeuse bande, qui arpente en voiture les célèbres avenues de la cité des rêves, avant de s’envoler une nouvelle fois pour Papeete, où, dix jours durant, ils vogueront d’un atoll à un autre. Mais déjà, les prémices d’une rupture se dessinent : Gunter Sachs est un milliardaire au train de vie flamboyant, et Brigitte Bardot rêve d’apaisement. De retour en France, l’actrice refuse de s’installer dans l’appartement de son nouveau mari. Elle le suit tout de même jusqu’en Allemagne, où elle découvre les propriétés de sa belle-famille, mais aussi les forêts bavaroises, les tenues traditionnelles et les trophées de chasse, déjà très peu au goût de celle que l’on connaît désormais pour son engagement envers la cause animale. Cet interlude germanique lui fera rater le réalisateur Joseph Losey, parti à Saint-Tropez pour lui faire lire le scénario de La truite.

La routine s’installe, et le couple vit toujours séparé. Bardot est en Écosse pour le tournage d’À cœur joie, et le duo se voit très peu. Gunter, de son côté, veut produire un film et le présenter à Cannes, mais du côté du Festival, c’est Brigitte ou rien. L’actrice ne veut pas s’y rendre – elle n’aime pas beaucoup les rassemblements de la sorte – mais, pour éviter un divorce, elle se force à y aller, habillée d’un smoking noir légendaire. On lui demande de remettre un trophée à Michel Simon. B.B. s’exécute, et jure qu’on ne la reverra plus jamais à Cannes. Promesse tenue.

Je t’aime moi non plus

Le couple bat déjà de l’aile lorsqueBardot rencontre Gainsbourg, qui lui écrit quelques textes. Elle entame une liaison avec le chanteur, qui ne reste pas secrète bien longtemps. Sachs s’emporte, et pour son mari, Brigitte Bardot demande à Serge Gainsbourg de ne pas diffuser ce qu’ils ont enregistré ensemble (tout cela sortira huit ans plus tard, en 1986). L’actrice s’envole pour Almeria, en Espagne, où elle tourne Shalako avec Sean Connery. Gunter la suit, et le couple se réconcilie… un temps. Elle accumule les amants, lui les maîtresses. Puis arrive décembre 1967, où elle est invitée à l’Élysée et arrive avec son mari. Il s’agira de leur dernière sortie officielle, puisque le couple se sépare et divorce deux ans après, en 1969.

Cette même année, Gunter Sachs épouse le mannequin suédois Mirja Larsson. En 2011, âgé de 78 ans, il apprend qu’il est atteint d’Alzheimer, et préfère mettre fin à ses jours lui-même, à l’aide d’une balle dans la tête, dans son chalet de Gstaad. « La mort est la seule issue. Pourtant, ma capacité à raisonner logiquement n’est pas (encore) affectée. Je peux toujours penser, réfléchir. En revanche, ma mémoire se dégrade à vitesse grand V. Je suis de plus en plus souvent distrait. Et, en dépit de mon niveau d’éducation élevé, ma capacité à m’exprimer dans toutes les langues que je parle couramment est très altérée, ce qui crée des décalages dans ma conversation. Cette menace sur mon intégrité intellectuelle est un critère absolu pour mettre un terme à ma vie », écrit-il dans une note. « Depuis toujours, j’ai affronté les plus grands défis. Celui-ci est le dernier. La perte de mon contrôle intellectuel me réduirait à un état inhumain, ce que je ne peux accepter. Telle est l’ultime manifestation de ma volonté. Je remercie mon épouse bien-aimée, mes proches, mes ­compagnons, d’avoir enrichi mon existence, qui fut merveilleuse, de leur amour et de leur amitié profonde. »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *