Les femmes qui fuient leurs chambres quand elles sont en conflits avec leurs maris et se retrouvent dans les chambres des enfants
Les relations que ces jeunes femmes ont avec leurs parents sont assurément au cœur de leurs préoccupations.
Qu’elles vivent encore chez eux ou qu’elles les aient déjà quittés, toutes se montrent fort disertes à ce sujet. Pour la majorité d’entre elles, la reproduction du modèle familial est impossible.
Les chemins à emprunter leur semblent présenter des différences trop profondes avec ceux suivis par leurs parents. Ces nouvelles conditions de vie qui leur sont possibles désormais en France, et auxquelles toutes aspirent, rompent de façon si radicale tant avec ce qu’elles ont connu jusque-là au foyer familial qu’avec ce qu’elles ont eu à connaître du passé de leurs parents et ce qu’aujourd’hui encore ils attendent d’elles, qu’il leur est impossible de s’engager dans leur propre voie sans avoir à résoudre maintes contradictions. Aussi, un retour critique sur cette expérience qui s’achève, sur leurs relations compliquées à leurs parents, leur paraît sans doute plus nécessaire qu’à d’autres.
Rares sont les jeunes femmes à affirmer une bonne entente avec leurs parents ; elles sont de beaucoup plus nombreuses à constater les difficultés de ces relations en dépit des multiples et considérables efforts de compréhension qu’elles s’efforcent de mettre en œuvre.
Sur les vingt et une jeunes femmes interrogées, seules deux, qui vivent encore au foyer parental, en paraissent particulièrement satisfaites.
Zeya, vingt et un ans, parle du « contrat » qui la lie à ses parents…
Qu’est-ce qui donne aux conflits familiaux internationaux leur spécificité, leur coloration particulière ?
Un couple se fait, se défait et se déchire au travers des enfants : c’est un drame humain, mais banal. Quand il s’agit d’un couple binational, ce drame prend une allure de tragédie antique. La violence
ordinaire est aggravée par la distance géographique d’un enlèvement à l’autre bout du monde ; la spirale infernale de la vengeance et de la peur ajoute à l’incompréhension et au blocage. Intervient la justice, utilisée comme l’instrument d’un rapport de force entre deux systèmes juridiques parallèles et inconciliables. La culture radicalise les différences et les incompréhensions. L’environnement médiatique, voire politique, constitue une pression supplémentaire. Enfin le temps, peu à peu, dissout les liens et rend l’avenir invisible.
Au tableau final, la destruction de chacun, un enfant écartelé, aliéné puis amputé d’un parent. Mes observations sur environ trois cents situations adressées à la MAMIF m’ont permis de proposer une grille d’analyse des conflits familiaux internationaux : ceux-ci se caractérisent, à mon sens, par sept critères. Certains d’entre eux sont repérables dans les conflits internes, mais les sept se retrouvent en tout cas dans tous les conflits internationaux :
la distance géographique,
les blocages psychologiques et les rapports de force,
l’enfant écartelé,
la dualité des systèmes juridiques,
la différence des cultures…