Le conseil de ton papa qui te fait du bien jusqu’à ce jour
Rôle et place du père dans la famille aujourd’hui
- Etre géniteur renvoie au registre du fait biologique, de la génétique,
- Etre père, renvoie à la fonction du père, à l’exercice de la fonction paternelle et donc relève de la dimension symbolique.
D’où dans la réalité, un homme qui ne sera pas le géniteur de l’enfant pourra tout à fait occuper une place de père pour l’enfant.
Quelle est cette fonction paternelle ?
La fonction du père ne tient pas en ses capacités d’être une seconde bonne mère (ceci dit : pourquoi ne pas materner l’enfant si cela lui plaît) mais à sa capacité à assumer d’être un autre que la mère (en étant déjà son autre à elle, celui à qui elle se réfère du fait même du désir qu’il lui adresse et auquel elle consent), de lui faire contrepoids (contrepoids à l’importance de la mère).
Son travail de père sera de ménager à l’enfant une autre possibilité que celle d’être l’enfant de sa seule mère ; c’est-à-dire de s’inscrire et de faire tiers pour « ouvrir » le couple mère enfant (introduire de la séparation, de la différenciation) et permettre ainsi la structuration psychique équilibrée des enfants.
Le père signifie et rappelle à l’enfant et à la mère qu’ils ne sont « pas tout » l’un pour l’autre.
L’intervention paternelle réelle donne le coup de pouce nécessaire à l’enfant pour qu’il puisse se délivrer de son engagement avec la mère.
C’est en sortant du champ maternel que l’enfant pourra aller prendre sa place d’homme ou de femme dans le social.
Le rôle du père est donc primordial pour la construction et l’évolution psychique de l’enfant (inscription dans l’ordre des générations, identification sexuée…).
C’est cette intervention d’un père « hors de la mère » que ne peut précisément apporter la mère.
Le père impose une écoute différente de celle de la mère ; il est un support, une sécurité, un moyen de construction importante pour l’enfant. Le père, c’est aussi le garant de cette autorité constructive qui positionne les limites et qui fera des enfants des adultes responsables.
L’enfant a besoin de 2 parents bien différenciés. Du père et de la mère, chacun médiatise à sa façon son rapport au monde et contribuent donc, chacun à sa manière, à construire la personnalité de l’enfant.
Quelles sont les conditions dont la fonction paternelle a besoin pour pouvoir s’exercer ?
La mère introduit au père, en n’apportant pas à l’enfant une présence pleine mais en désirant ailleurs que l’enfant.
C’est dans la mesure où la mère se réfère à un autre qu’elle, au père, que peut-être reconnue une place pour le père. Il s’agit que la mère signifie qui d’autre qu’elle lui sert de référence.
Ensuite, il faut que celui qui soutiendra pour l’enfant d’être le père réel intervienne en chair et en os pour actualiser ce tiercé, cette place de tiers et c’est le fait d’effectivement soutenir l’enfant dans son trajet qui assoit ce qu’on entend habituellement par rôle du père.
Pour que cette tâche soit assurable pour un père, il ne suffit pas que la mère lui reconnaisse d’être cette référence, il faut que cette fonction du père soit ratifiée par le social, par l’ensemble des institutions (cf. tout ce qui concerne le juridique, le droit de la famille…).
Il faut que le social soutienne le bien fondé de son intervention.
- Il faut une place pour le père.
Evolution sociale du rôle du père. Etre père aujourd’hui.
Après la naissance de l’enfant, naître en tant que père, c’est donner à l’enfant son véritable statut de Sujet. Tâche ardue aujourd’hui avec les risques d’indifférenciation des places et de confusion des rôles (glissement du rôle du père vers l’idéal de la mère – cf. : doublon de la mère, auxiliaire dévouée de la mère…) qui rendent la fonction du père plus difficile qu’autrefois.
Cette difficulté invite à réinterroger la place du père dans la société actuelle.
- Que reste-t-il au père comme discours propre ?
- Comment le rôle du père a-t-il évolué ?
Les différentes révolutions sociales (évolution des rapports d’autorité dans la famille ; critique de l’institution famille ; droits nouveaux accordés aux femmes concernant la procréation ; évolution du droit de la famille cf. : autorité parentale conjointe ; travail des femmes….) ont remis en cause le patriarcat et libéré les femmes de leur position de dominées, mais elles ont aussi révélé contre toute attente, l’affection profonde et sincère que les hommes portent à leurs enfants.
L’image ancestrale du père tout puissant est bien dépassée. Le père n’est plus ce qu’il était ! De là viendrait à qui veut l’entendre la cause de bien des maux d’aujourd’hui. Ils ont abdiqué, dit-on, démissionné… ?
Papa poule, papa copain, papa autoritaire…
Les pères sont aujourd’hui en quête d’une nouvelle identité. Mais n’oublions pas que leur place dépend également de celle que les mères leur accordent.
Comme pour la mère stigmatisée comme « insuffisamment bonne », laquelle devant ne commettre aucun écart pour souscrire à un ordre éducatif bien pensant, le père devrait se tenir à carreau pour répondre à l’image que l’on est censé s’en faire. Oui, mais laquelle ?