Emmanuel Macron est-il déjà vraiment candidat pour 2032 (et 2037) ?

Le chef de l’Etat a donné rendez-vous, ce week-end, à ses soutiens pour « dans cinq ans » et « dans dix ans ». Une pré-candidature qui ne ravit pas la classe politique, y compris chez les marconistes
les JAM sont devenus les JEM. Vous l’avez peut-être manqué, mais pour célébrer leurs dix ans, les Jeunes avec Macron ont en effet changé de nom, samedi dernier, lors d’un grand raout à Paris. Mais le meeting des Jeunes en Marche a surtout permis à Emmanuel Macron de lâcher une petite bombe sur son avenir.
Invité surprise de dernière minute, le président de la République a annoncé… qu’il était loin d’en avoir fini avec la politique : « J’ai aussi besoin de vous pour dans deux ans ! Pour dans cinq ans ! Pour dans dix ans ! Parce que vous serez là, et comptez sur moi, je serai là avec vous ! » Une manière d’annoncer (prématurément) sa candidature à la présidentielle 2032 (et 2037) ? Pas forcément, à en croire ses opposants et ses (anciens) soutiens.

« Bon courage à lui… »
Si Emmanuel Macron ne peut, selon la Constitution, exercer « plus de deux mandats consécutifs », rien ne l’empêcherait d’être candidat à partir de 2032. Chez ses opposants, cette projection inattendue du chef de l’Etat n’a pas manqué d’agacer. « C’est une menace inquiétante pour le pays. Quand je regarde sa cote de popularité et les sanctions qui lui ont été infligées aux européennes puis aux législatives… bon courage à lui s’il veut se représenter », lance ironiquement Benjamin Lucas, député des Yvelines. « Cela montre surtout qu’il n’est qu’un mégalomane obsédé par lui-même et son image. Et qu’il a une peur panique de sortir du jeu politique », ajoute le porte-parole du groupe écologiste.
A gauche, on insiste ainsi sur la crise politique actuelle et on évoque les cotes de popularité d’Emmanuel Macron, qui flirtent avec leurs plus bas niveaux. « Il ne comprend pas à quel point il est détesté », a abondé sur BFMTV dimanche, Mathilde Panot, la présidente du groupe insoumis à l’Assemblée nationale.
Divisés dans la majorité
Au sein du bloc central, la sortie du président de la République n’est pas, non plus, passée inaperçue. « Vous savez, une fois qu’on a goûté au pouvoir politique, on a du mal à lâcher. Il fera peut-être autre chose d’ici là, mais quand vous voyez la médiocrité du personnel politique… Je ne suis pas du tout surpris qu’il ait déjà ça en tête », s’amuse un ancien député, proche du Premier ministre François Bayrou.
A l’heure où la France doit trouver 40 milliards d’euros d’économie pour le budget 2026, d’autres préfèrent tout simplement esquiver. « 2032 ? Ce n’est vraiment pas mon sujet, je ne sais même pas où je serai à la fin de l’année », balaie ainsi l’ex-ministre Olivia Grégoire, députée Renaissance de Paris. « Qu’on se projette sur 2032, 2037… Je trouve ça un peu décalé par rapport aux urgences auxquelles on fait face », a également assuré son collègue macroniste Roland Lescure sur France Info.

Un « taquet à Attal » (et aux ambitieux) ?
Mais cette sortie du président de la République était peut-être surtout une manière de tempérer les ardeurs de ses ambitieux successeurs pour la présidentielle 2027. « Je pense qu’il a surtout voulu mettre un taquet à Attal, ça ne va pas beaucoup plus loin que ça », sourit un député Renaissance. Quelques minutes avant l’entrée en scène surprise d’Emmanuel Macron, le patron du parti marconiste proposait ainsi sur la scène parisienne de tracer « un chemin aux Français pour 2027 ».
Le chef de l’Etat répond à sa manière à ceux qui enterrent déjà le macronisme, à l’image de Sophie Primas, la porte-parole gouvernement. « Il n’a rien perdu de ses ambitions personnelles, c’est naturel, d’autant qu’il a moins de cinquante ans et qu’il voit que personne d’autre au sein du bloc central ne percute vraiment l’opinion à ce stade », ajoute l’élu macroniste.
Mais songe-t-il vraiment à la présidentielle 2032, sept ans avant le scrutin ? « Aujourd’hui, je n’ai pas réfléchi », avait-il balayé en mai sur le plateau de TF1. Certains fidèles d’entre les fidèles, comme François Patriat, sont déjà prêts. Le patron des sénateurs Renaissance s’en amuse auprès de 20 Minutes : « Dès le premier soir de l’élection du prochain président, je ferai campagne pour Macron 2032. »