« Tout ça va très mal se terminer » : un Premier ministre nommé ce soir, mais pas de gauche

Emmanuel Macron face à l’urgence politique : une nomination attendue dans un climat explosif
Le président de la République, Emmanuel Macron, s’est entretenu ce vendredi après-midi avec les principaux responsables des partis politiques — à l’exception notable de La France insoumise (LFI) et du Rassemblement national (RN) — alors que la France retient son souffle dans l’attente de la nomination du prochain Premier ministre, annoncée pour la soirée. Cette rencontre, qui s’est tenue à l’Élysée dans une atmosphère tendue, intervient après une semaine particulièrement mouvementée pour la vie politique française.
Une semaine de crise à Paris
Depuis la démission surprise de Sébastien Lecornu lundi dernier, la majorité présidentielle traverse une zone de turbulences inédites. En l’absence de majorité claire à l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron a engagé plusieurs jours de discussions avec les chefs de file des partis dans l’espoir d’éviter une motion de censure contre le futur gouvernement. Selon des sources proches de la présidence, l’annonce du nouveau Premier ministre pourrait intervenir avant 20 heures ce soir. L’objectif est clair : rassurer les marchés, stabiliser la majorité et montrer que l’exécutif reste maître du calendrier politique.
Des échanges tendus à l’Élysée
Les discussions avec les chefs de partis, qui ont duré près de deux heures et demie, ont révélé la profondeur des fractures politiques actuelles. La secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, s’est dite « sidérée » à la sortie de la réunion, affirmant que le président n’avait apporté « aucune réponse claire » sur les sujets cruciaux tels que les retraites ou le pouvoir d’achat. Selon elle, Emmanuel Macron n’aurait évoqué qu’un simple « décalage » de la mesure d’âge du départ à la retraite, sans remettre en cause la très contestée réforme de 2023. « Tout ça va très mal se terminer », a-t-elle prévenu avec gravité.

De son côté, Laurent Panifous, chef du groupe Liot, a confirmé que « le 49.3 est sur la table » et qu’aucune garantie de non-censure n’a été donnée. Même son de cloche du côté du socialiste Olivier Faure, qui a regretté « l’absence totale de cap politique ». En résumé, les oppositions sortent de l’Élysée plus remontées que rassurées.
Le RN et LFI exclus de la discussion
Pendant que les tractations se poursuivaient, Marine Le Pen, non conviée à la réunion, a dénoncé depuis le congrès des sapeurs-pompiers du Mans « une réunion de marchands de tapis ». L’entourage présidentiel a justifié cette exclusion en expliquant que le RN et LFI réclamaient une dissolution de l’Assemblée nationale, ce qui rendait leur participation « contre-productive ».

Le spectre d’une dissolution plane toujours
Malgré ses efforts, Emmanuel Macron semble peiner à élargir sa base politique. Et pourtant, le temps presse : selon le calendrier budgétaire, le projet de loi de finances pour 2026 doit être déposé d’ici lundi. Sans nouveau gouvernement pour le défendre, la France risquerait de se retrouver dans une impasse institutionnelle, forçant l’exécutif à recourir à une loi spéciale avant la fin de l’année.
Lecornu, Borloo ou une autre surprise ?
La grande question demeure : qui sera nommé à Matignon ? Plusieurs hypothèses circulent à quelques heures de l’annonce officielle. La première serait la reconduction de Sébastien Lecornu, malgré sa démission récente — une décision qui serait perçue comme un signe de continuité mais aussi d’usure politique. La seconde évoque un retour inattendu : celui de Jean-Louis Borloo, figure centriste et ancien ministre de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Âgé de 74 ans, fondateur de l’UDI, il reste populaire dans une partie de la droite modérée et symbolise le compromis républicain.