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Retraite : l’indexation des pensions sur l’inflation supprimée ? La piste de la Cour des comptes

Les Sages recommandent la fin de l’indexation des pensions de retraite sur la hausse des prix, dans un rapport remis au Premier ministre, François Bayrou. «Ça fait partie des questions qui méritent d’être posées», a abondé la ministre du Travail, Catherine Vautrin, ce vendredi 11 avril.

Les pensions de retraite de nouveau menacées. Après la sous-indexation des retraites en 2025 voulue par le gouvernement Barnier et finalement abandonnée, le débat actuel sur la suppression de l’abattement fiscal de 10% des pensionnés, ces derniers peuvent désormais craindre que leur retraite augmente moins vite à l’avenir. Le président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, dans son rapport sur l’impact du système de retraites sur la compétitivité et l’emploi remis au Premier ministre François Bayrou jeudi 10 avril, semble en effet préconiser de mettre les pensionnés à contribution.

«Semble» puisque, comme l’a précisé le haut fonctionnaire, «il n’appartient pas à la Cour de formuler des propositions détaillées pour déterminer les leviers de l’amélioration du taux d’emploi et de la compétitivité française, moins encore pour préconiser les réformes des paramètres du système de retraites».

La mission des Sages est en effet cantonnée à la transmission de données incontestables sur l’état de notre régime de retraite aux partenaires sociaux, chargés d’améliorer la dernière réforme de 2023. Il n’empêche, la position de l’institution de la rue Cambon ne fait aucun doute : les retraités devraient bien passer à la caisse pour restaurer les finances du régime.

Les retraités pourraient ainsi voir leur pension diminuer, ou plutôt augmenter moins rapidement, dans les prochaines années. Ces pensions sont, pour rappel, indexées sur l’inflation depuis 1987. «Cette indexation sur l’inflation n’apparaît pas nécessairement la mieux adaptée à la recherche d’un équilibre durable et équitable du système de retraites», a glissé Pierre Moscovici, plaidant pour «une indexation au moins partielle sur les salaires, assortie d’un facteur de soutenabilité, comme chez certains de nos partenaires européens»

Car si l’évolution des salaires, liée à la croissance économique, est généralement supérieure à celle des prix, cela n’a pas été le cas ces dernières années, marquées par une très forte inflation. Les retraites ont ainsi augmenté de 5,3% en janvier 2024 et de 2,2% en janvier 2025, tandis que les salaires n’ont cru que de 4,1% en 2023 et de 2,6% en 2024.

Une indexation des retraites, au moins partielle, sur les salaires
Pour le président de la Cour des comptes, diminuer – relativement – les pensions de retraite en les indexant sur les salaires plutôt que sur la hausse des prix «présenterait l’avantage de faciliter le pilotage du système de retraites ; surtout, elle exposerait les actifs et les retraités de manière solidaire aux mêmes aléas économiques».

D’autant que comme le pointe le rapport des Sages, la France dépense beaucoup pour ses retraités, par rapport aux autres membres de la zone euro : 13,5% du PIB dans l’Hexagone, contre 11%. «Le surcroît de dépense publique française en matière de retraite par rapport à la moyenne des pays de la zone euro représentait plus de 66 milliards d’euros en 2022. L’écart est de 118 milliards d’euros par rapport à l’Allemagne».

Et cette comparaison avec notre voisin d’outre-Rhin est tout sauf anodine pour Pierre Moscovici, puisque cet écart est dû pour «moitié aux paramètres du système de retraites, qui débouchent sur un niveau moyen des pensions plus élevé et un âge moyen de départ à la retraite plus précoce que notre partenaire». Ainsi, alors que le niveau de vie des retraités allemand représente 87,8% de celui des actifs, en France, ce taux culmine à 99,8%, souligne le rapport.

Si la Cour des comptes se garde bien évidemment d’affirmer que les pensionnés français coûtent trop cher, elle recommande bien de tailler dans les dépenses de retraite en s’inspirant d’autres pays européens avec «une indexation des pensions tenant compte de l’évolution des salaires d’une part et de l’évolution du ratio entre le nombre de retraités et les cotisants d’autre».

En clair, plus le ratio retraités/actifs augmenterait, plus le décrochage des retraites par rapport aux salaires serait important. Un facteur de «soutenabilité» qui viendrait donc grever les futures pensions des retraités si les partenaires sociaux décident de s’en inspirer pour améliorer la réforme de 2023.

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