Retraite, enfant autiste, rupture amoureuse… Le conducteur du TGV SNCF qui s’est suicidé, “Un mec en or mais torturé”
Un conducteur de TGV de 52 ans s’est suicidé le soir de Noël, en sautant de sa cabine à pleine vitesse, plongeant la SNCF dans le deuil. Son profil psychologique et ses problèmes personnels expliquent en partie son geste de désespoir.
Un geste tragique sur les rails. Mardi 24 décembre au soir, à la veille de Noël, un conducteur de TGV de la SNCF âgé de 52 ans s’est suicidé en sautant de sa cabine alors que son train roulait à pleine vitesse. L’incident, survenu près de Crisenoy en Seine-et-Marne, a perturbé le trafic ferroviaire et affecté des milliers de passagers qui n’ont pas pu rejoindre leurs proches pour le réveillon de Noël
Mais au-delà des conséquences techniques, c’est un profond drame humain qui touche la famille du défunt, ses collègues cheminots et la SNCF tout entière. Ces dernières heures, des détails sur le profil psychologique du conducteur ont été dévoilés dans les médias, permettant de comprendre un peu mieux son geste tragique.
Le conducteur de train SNCF, un homme apprécié mais en souffrance
Originaire de Saint-Étienne, le conducteur, prénommé Bruno, était décrit comme une personne généreuse et engagée. Ancien secrétaire syndical de la CGT-Cheminots, il s’était investi dans de nombreux combats sociaux. Mais derrière cette façade de militant infatigable, se cachait une souffrance personnelle immense. Père d’un enfant autiste ayant nécessité des hospitalisations à répétition, Bruno venait également de vivre une rupture amoureuse
Un ami proche, encore bouleversé, confie à RMC : « Bruno, c’était un mec en or mais torturé. Il me disait qu’il n’allait pas bien. Mais je ne pouvais pas imaginer qu’il mette fin à ses jours, surtout dans ces circonstances”
Le conducteur était proche de la retraite
D’après Cécile Cukierman, sénatrice communiste de la région, toujours citée par la radio : “Il était très sympathique, très posé, très combatif, souligne-t-elle. Il était toujours bienveillant. Il prenait toujours du temps pour expliquer les situations et les luttes qu’ils portaient. En public, il ne renvoyait pas une telle souffrance personnelle.”
Alors que rien ne laissait présager d’un tel geste, le cheminot, qui travaillait depuis 1997, devait bientôt prendre sa retraite.
Des conséquences inédites sur le trafic du réveillon de Noël
Le suicide, survenu à pleine vitesse, a déclenché les systèmes de sécurité automatiques du train, provoquant son arrêt d’urgence sur les voies. Cet arrêt a perturbé l’axe Sud-Est, l’un des plus fréquentés du réseau ferroviaire. En tout, une dizaine de TGV et 10 000 passagers ont été affectés, certains accusant jusqu’à cinq heures de retard. Pour beaucoup, c’était une nuit de Noël bouleversée
Le ministre des Transports, Philippe Tabarot, a salué le fonctionnement des systèmes de sécurité, tout en évoquant un « drame humain avant tout ». Cependant, ses propos maladroits sur la possibilité de conséquences plus graves ont suscité une vive controverse, notamment parmi les cheminots
Le suivi psychologique des conducteurs de train en question
Cet événement tragique relance le débat sur le suivi psychologique des conducteurs de train. À leur embauche, ces derniers passent des tests psychotechniques destinés à évaluer leurs réflexes et leur résistance au stress. Cependant, selon Bernard Aubin, secrétaire général de la Fédération indépendante du rail et des syndicats des transports, ces tests restent insuffisants : « Ce sont des mesures d’aptitude, pas des bilans psychologiques réguliers.
Le suivi n’est ensuite renouvelé que tous les dix ans, à l’occasion du renouvellement de leur licence. Entre-temps, seule une alerte des supérieurs hiérarchiques peut déclencher une réévaluation, une procédure jugée largement insuffisante par de nombreux observateurs.
Une première à la SNCF
De mémoire, c’est la première fois qu’un conducteur de TGV met ainsi fin à ses jours en pleine mission, plongeant la corporation dans une profonde tristesse. La SNCF a qualifié l’événement de « terrible drame », exprimant son soutien à la famille et aux collègues du défunt. Une cellule psychologique a été mise en place pour accompagner les cheminots sous le choc. La CGT de Saint-Étienne prévoit également un hommage dans les jours à venir