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Reconstruction de Gaza : la facture française s’annonce-t-elle salée ?

Alors que le coût de la reconstruction de Gaza est évalué à 53 milliards de dollars, la France, après une aide humanitaire massive, active ses réseaux pour peser sur l’après-guerre et ouvrir la voie à ses entreprises.

« Le cauchemar prend fin », saluait Donald Trump devant les parlementaires israéliens, ce lundi 13 octobre. L’actualité immédiate est celle du cessez-le-feu et de la libération des 20 derniers otages israéliens après 738 jours de captivité, saluée comme un « triomphe incroyable » par le président américain. Mais derrière cette victoire, l’après-guerre a déjà commencé sur le plan diplomatique et économique. Avec une facture colossale pour la reconstruction du territoire palestinien, la France jouerait un « rôle tout particulier ». Mais combien cela va coûter ? Planet fait le point.

Un chantier pharaonique à plus de 53 milliards de dollars
C’est un chiffre qui donne le vertige. Une évaluation conjointe de l’ONU, de la Banque mondiale et de l’Union européenne, publiée en février 2025, chiffre le besoin pour le relèvement et la reconstruction de Gaza à 53,2 milliards de dollars sur la prochaine décennie. Le secteur du logement, dévasté, représente à lui seul près de 30 % de cette somme, avec un besoin de 15,2 milliards, précise le rapport.

Face à l’urgence, la France a déjà engagé une réponse forte sur le plan humanitaire. Le montant de l’aide humanitaire française Gaza s’élève à 100 millions d’euros. Cet effort a permis de soutenir les agences onusiennes comme l’UNRWA et le Programme Alimentaire Mondial (PAM), mais aussi d’acheminer, selon le ministère des Affaires étrangères, près de 1 200 tonnes de fret (médicaments, nourriture) par les voies maritime, terrestre et aérienne. « Depuis le début de la guerre à Gaza, la France a acheminé par voie maritime, terrestre et aérienne, via l’Égypte et la Jordanie, près de 1 200 tonnes d’aide humanitaire, incluant des médicaments et du matériel médical, des rations alimentaires et des compléments nutritionnels, à destination de la population de Gaza », peut-on lire sur le portail France Diplomatie.

Un soutien sous condition
Au-delà de l’aide, la France cherche à peser sur la gouvernance de l’après-guerre. Paris a tracé une ligne rouge, rappelant par la voix d’Emmanuel Macron que l’avenir de Gaza « doit s’inscrire non dans la perspective d’un contrôle par un Etat tiers mais dans le cadre d’un futur Etat palestinien, sous l’égide de l’Autorité palestinienne ». Le Quai d’Orsay rappelait au passage son opposition à « tout déplacement forcé de la population palestinienne de Gaza ».

La France a donc officiellement salué et soutenu le plan de reconstruction proposé par la Ligue arabe en mars 2025, le considérant comme une « base sérieuse et crédible ». Ce soutien est toutefois conditionné à « l’exclusion et au désarmement total du Hamas » dans la future gouvernance de Gaza et à de « solides garanties de sécurité à Israël », précise le Quai d’Orsay.

Le BTP français face à une compétition féroce
Pour les géants français comme Vinci et Bouygues, leaders mondiaux des infrastructures, la reconstruction des réseaux d’eau, des routes et des hôpitaux représente un marché potentiel de plusieurs milliards. Leur forte présence régionale, comme celle de Vinci au Qatar analysée par Les Echos, en fait des candidats idéaux. « Le groupe (Vinci) mène de front plusieurs projets d’envergure, pas directement liés à la Coupe du monde de football 2022, mais qui y contribueront de façon indirecte : la conception d’une des quatre lignes de métro de l’agglomération (13,8 km), travaux dont les premiers tunneliers commenceront les forages l’été prochain… », indique les Echos.


Mais la concurrence dans la reconstruction s’annonce féroce. La Turquie et le Qatar, très influents dans la région, sont des rivaux directs pour l’obtention des contrats. Le Qatar dispose de puissants leviers financiers, tandis que les sociétés turques de BTP ont déjà une solide expérience sur de grands projets régionaux. En se positionnant comme un partenaire diplomatique de l’Autorité palestinienne, Paris espère transformer son capital politique en succès économiques.

Le défi principal, souligné par l’ONU, restera de garantir la sécurité et la bonne gouvernance sur le terrain, pour que les milliards de la reconstruction ne se perdent pas dans l’instabilité.

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