Reconnaissance de la Palestine : Le Canada ne se fait « aucune illusion » sur l’impact de cette reconnaissance

Revivez avec nous les étapes de la reconnaissance officielle d’un Etat palestinien par la France, les réactions et le discours d’Emmanuel Macron aux Nations unies ce lundi 22 septembre 2025
La France et d’autres pays reconnaissent l’État de Palestine
La France et plusieurs autres pays ont reconnu lundi 23 septembre « l’État de Palestine » depuis la tribune de l’ONU, tentant de renforcer la pression sur Israël pour mettre un terme à la guerre à Gaza, dans le cadre d’un mouvement historique mais à la portée encore avant tout symbolique.
« La France reconnaît aujourd’hui l’État de Palestine », « pour la paix entre le peuple israélien et le peuple palestinien », a déclaré solennellement sous les applaudissements le président français, Emmanuel Macron, à l’ouverture de la grand-messe annuelle des Nations unies à New York.
« Le temps est venu d’arrêter la guerre, les bombardements à Gaza, les massacres et les populations en fuite. (…) Le temps de la paix est venu, car nous sommes à quelques instants de ne plus pouvoir la saisir », a-t-il martelé dans son discours de vingt minutes.
La Belgique, le Luxembourg, Malte, Monaco et Andorre ont également formellement franchi le pas de la reconnaissance lors de cette réunion sans Israël ni les États-Unis.
L’Autorité palestinienne salue une décision « historique et courageuse »
L’Autorité palestinienne a salué lundi soir l’annonce officielle par le président français, Emmanuel Macron, de la reconnaissance de l’État de Palestine par la France, la qualifiant de décision « historique et courageuse ».
Le ministère des affaires étrangères palestinien se félicite dans un communiqué « de la reconnaissance par la République amie de France de l’État de Palestine et la considère comme une décision historique et courageuse conforme au droit international et aux résolutions des Nations unies, soutenant ainsi les efforts déployés pour atteindre la paix et mettre en œuvre la solution à deux États. »
Le ministère salue également « le rôle pionnier joué par la France et le président Macron en incitant de nombreux États » à procéder à la même reconnaissance.
Mahmoud Abbas promet d’exclure le Hamas
Le président palestinien, Mahmoud Abbas, privé de visa par les États-Unis, s’est exprimé lundi soir par vidéo, insistant sur son engagement d’exclure le mouvement islamiste du Hamas d’un futur État palestinien.
Le Hamas n’aura aucun rôle dans le gouvernement, le Hamas et d’autres factions doivent rendre leurs armes à l’Autorité palestinienne », a-t-il promis, avant de condamner également les attaques du 7-Octobre.
Une centaine de mairies françaises pavoisées
En France, la reconnaissance a été saluée par près d’une centaine de villes dirigées par la gauche, qui ont hissé le drapeau palestinien au fronton de leur mairie. Un pavoisement auquel s’est fermement opposé le ministre démissionnaire de l’intérieur.
Après Nantes, Rennes ou Saint-Denis dans la matinée, les mairies écologistes de Besançon et Lyon ont hissé à leur tour le drapeau palestinien sur le fronton de l’hôtel de ville.
À Paris, une dizaine d’élus dont David Belliard, candidat écologiste à la mairie de Paris en 2026, ont déployé le drapeau palestinien depuis une fenêtre de l’hôtel de ville peu après 18 h 00, contre l’avis de la maire PS Anne Hidalgo.
La gauche célèbre une « victoire »
Les partis de gauche ont salué une « victoire tardive » qui permet d’espérer une fin plus rapide de la guerre à Gaza.
« Une victoire, tardive, mais une victoire quand même. La France doit maintenant agir pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza et mettre fin aux massacres, aux persécutions, à l’occupation. Il faut stopper Netanyahou ! », a affirmé sur le réseau X Fabien Roussel, le secrétaire national du Parti communiste.

Pour le Parti socialiste, « ce 22 septembre est un jour historique, celui où la France s’honore en reconnaissant l’État de Palestine. Cette revendication que nous portons de longue date s’accomplit aujourd’hui », a indiqué le parti d’Olivier Faure, qui a suscité la polémique en appelant ces derniers jours à pavoiser du drapeau palestinien les mairies françaises.

La droite redit ses réticences
À droite et au Rassemblement national, le geste accompli par Emmanuel Macron a suscité des réserves, voire une opposition totale.
« C’est le choix d’Emmanuel Macron, pas le mien. Mais ma conviction est qu’on ne peut reconnaître un État palestinien qu’avec les conditions réunies », a déclaré le ministre de l’intérieur et président des Républicains (LR) Bruno Retailleau sur LCI, quelques minutes avant que le chef de l’État ne s’exprime à l’ONU.
« Reconnaître un État palestinien sans conditions, ce n’est pas avancer vers la paix. C’est offrir une victoire au Hamas, l’organisation terroriste du 7 octobre », a jugé le président LR des Hauts-de-France Xavier Bertrand.
Même accusation de faire le jeu du mouvement islamiste palestinien du côté du RN. « C’est le Hamastan qu’Emmanuel Macron reconnaît aujourd’hui, pas la Palestine. C’est une faute extrêmement grave, notamment à l’égard des nations qui luttent contre le terrorisme islamiste », a accusé lundi la leader du parti Marine Le Pen.
L’Arabie saoudite appelle tous les pays à suivre
L’Arabie saoudite a appelé lundi tous les pays à prendre la même « mesure historique » de reconnaître l’État palestinien après l’annonce formelle de la France lors d’un sommet que les deux pays coprésidaient à l’ONU.
« Nous appelons les autres pays à prendre une mesure historique similaire qui aura un impact important pour soutenir les efforts vers la mise en place de la solution à deux États, parvenir à une paix totale au Moyen-Orient et trouver une nouvelle réalité où la région peut jouir de la paix, de la stabilité et de la prospérité », a déclaré le ministre saoudien des affaires étrangères, Fayçal ben Farhane, à la tribune.
Le Canada ne se fait « aucune illusion »
Le premier ministre canadien Mark Carney a dit lundi ne se faire « aucune illusion » sur l’impact concret qu’aura la reconnaissance de l’État de Palestine, mais a jugé « nécessaire » de contrer un gouvernement israélien opposé à son existence.
« Nous ne nous faisons aucune illusion : cela n’est pas une panacée », a dit Mark Carney lors d’un forum organisé par un centre de réflexion américain à New York, se disant conscient que l’annonce de la reconnaissance aura un effet limité, surtout face à l’opposition franche d’Israël et des États-Unis.

Le premier ministre canadien l’a toutefois estimée « nécessaire » puisque la capacité « d’autodétermination du peuple palestinien est en train d’être effacée ».
L’Espagne plaide pour l’adhésion d’un État palestinien à l’ONU
Désormais, au moins 151 pays sur 193 États membres de l’ONU reconnaissent l’État de Palestine. Mais ce mouvement ne change pas le statut d’observateurs des Palestiniens à l’ONU.
Le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, fervent critique de l’offensive israélienne à Gaza, a appelé lundi à cette adhésion pleine et entière d’un État palestinien à l’ONU.
La conférence sur la solution à deux États « n’est pas la fin du chemin, c’est seulement le début », a-t-il noté. « L’État de Palestine doit être membre de l’ONU », a-t-il plaidé, alors que cette adhésion pleine et entière a été bloquée par les États-Unis.