les choses commun avec votre jumeau par la date de naissance
C’est une relation qui inspire la fascination, le fantasme parfois, l’étonnement toujours. Comme si deux enfants qui naissaient le même jour d’une même mère étaient unis par un lien mystérieux et invisible. La question de la gémellité a toujours suscité une curiosité forte. Au fil des siècles, la figure du « jumeau » a amené avec elle son lot d’interrogations et parfois même d’idées reçues.
Une étude coécrite par un professeur français montre que le taux de gémellité a augmenté en trente ans : dans les années 2010, 12 naissances pour 1 000 ont été des naissances gémellaires, contre 9 pour 1000 dans les années 1980. Un phénomène qui met en lumières les nombreux mythes qui accompagnent les jumeaux. Psychologue cognitiviste et membre du comité scientifique de la Fédération Jumeaux et Plus, le professeur Fabrice Bak démêle, pour La Dépêche, le vrai du faux.
- Les jumeaux sont complètement identiques physiquement
FAUX. « La copie physique conforme et exacte, telle que l’imaginaire social se la représente, n’existe pas naturellement, affirme le professeur Bak. La seule façon de l’obtenir, c’est le clonage. » Le verdict tombe : jumeaux et jumelles ne sont pas strictement identiques physiquement. D’ailleurs, certaines caractéristiques physiques ne répondent pas forcément à la question génétique.
C’est le cas par exemple des empreintes digitales : « Prenons par exemple le cas de jumeaux monozygotes (issus d’un seul et même œuf, naît de la fécondation d’un seul ovule par un seul spermatozoïde, ndlr), que l’on appelle plus communément “vrais jumeaux”. Ces derniers sont génétiquement identiques, mais auront des empreintes digitales différentes », affirme le spécialiste.
- Les petits-enfants de jumeaux ont eux-mêmes davantage de chance de mettre au monde des jumeaux
FAUX. La gémellité n’est pas héréditaire ! « Les chances d’avoir des jumeaux ne sautent pas les générations. Cela fait partie des mythes gémellaires », informe le professeur Fabrice Bak. Reste cependant que « les femmes jumelles dizygotes (issus de deux œufs distincts, produits par la rencontre de deux ovules et de deux spermatozoïdes, ndlr), vont avoir plus de potentialité de mettre au monde des jumeaux que les autres : c’est un fait scientifique avéré. »
- Il existe un lien télépathique fort entre les jumeaux
FAUX. C’est un lien fort qui existe entre jumeaux ou jumelles, mais il n’est en rien télépathique. Preuve en sont les différentes expériences qui ont été menées sur le sujet aux États-Unis : « Dans les années 1960, la CIA avait mené toute une série d’expérimentations sur la transmission de pensées entre les jumeaux, raconte le professeur Bak.
L’agence américaine de renseignement avait envoyé un jumeau en Europe de l’Est, et celui-ci devait transmettre des informations à son frère qui se trouvait aux États-Unis. Ça n’a pas vraiment marché. »
- Les jumeaux ont un lien empathique
VRAI. Écartez tout de suite la thèse d’un jumeau qui ressentirait la douleur de son frère si celui-ci avait mal. Seule éventualité possible : deux jumeaux ou jumelles qui tombent malades en même temps. « Si le premier va développer une maladie qui répond à des caractéristiques génétiques, l’autre peut aussi développer cette maladie au même moment », éclaire Fabrice Bak. Pour ce qui est de ressentir la douleur de son jumeau, cela n’appartient qu’à l’imaginaire social.
Mais les jumeaux eux-mêmes contribuent à façonner et à entretenir ce mythe : « Ils savent que l’on attend cela d’eux », atteste Fabrice Bak. Sur la question de la souffrance de l’autre, c’est un lien plus empathique qui est en jeu. « Chez les jumeaux, il y a une connaissance intuitive de l’autre, mais pas à distance. En sa présence, un jumeau ou une jumelle est plus à même d’interpréter les indicateurs qui montrent que son frère ou sa sœur ne va pas bien. »
- Les jumeaux ont leur propre langage
VRAI ET FAUX. Dans les années 1950, Luria et Yudovic, deux scientifiques russes, sont les premiers à avoir montré que les jumeaux étaient capables de créer leur propre langage. René Zacco, psychologue français parle, lui, de cryptophasie : un langage secret développé par les jumeaux, qui plus est en bas âge. Ces derniers sont parfois amenés à inventer des mots qui leur sont propres : « Ils vont par exemple prendre tous deux les premières syllabes de leur prénom pour les assembler et ainsi personnifier le lien gémellaire », énonce le psychologue. Mais à partir d’un certain âge, le langage commun et universel prend le dessus.
- Chez les jumeaux, l’aîné est celui qui est né en second
FAUX. C’est une croyance ancienne qui consiste à penser que le bébé qui était le plus au fond de l’utérus était « le premier installé », et par conséquent, que le jumeau qui naissait en second était l’aîné. « C’est parfaitement utopique, atteste Fabrice Bak. Dans ce cas, il est scientifiquement impossible de déterminer qui est l’aîné. » La législation française considère cependant que chez les jumeaux, le premier enfant né est l’aîné, y compris lors d’une naissance gémellaire par césarienne.