Le Touquet : des agriculteurs en colère manifestent devant la villa du couple Macron
Des agriculteurs de la FDSEA-JA ont organisé vendredi une action symbolique devant la villa d’Emmanuel et Brigitte Macron au Touquet, où ils ont déversé des déchets pour dénoncer la politique agricole et commerciale européenne.
Quelques dizaines d’agriculteurs se sont rassemblés en front de mer, devant la résidence du couple présidentiel, pour exprimer leur opposition à l’accord Mercosur, à la baisse de la PAC, à la taxe sur les engrais et à une concurrence jugée déloyale. Ils disent leur « ras-le-bol généralisé » face à l’absence, selon eux, de décisions politiques.
Une action symbolique devant la villa Macron
Les manifestants se sont postés devant la villa en briques rouges du président et de son épouse. Des forces de l’ordre en assuraient la protection.
Sur un cercueil posé devant la maison, on pouvait lire les inscriptions « RIP AGRI », « Non Mercosur », « Mange Français » ou encore « Stop taxe ».
Les agriculteurs ont également déversé, à proximité de la villa, quelques sacs de fumier, des pneus, des choux et des branchages à l’aide de bennes.
Cette action doit durer toute la journée. Elle se veut « symbolique », explique Benoît Hédin, vice-président de la FDSEA du territoire de Montreuil-sur-Mer.
Un « ras-le-bol généralisé»
Selon Benoît Hédin, le mouvement « vise la politique européenne menée aujourd’hui, car nous sommes en train de refaire marche arrière ». Il précise : « Nous manifestons contre l’accord Mercosur, la baisse de la PAC, la taxe sur les engrais, la concurrence déloyale… C’est un ras-le-bol généralisé. »
Un autre agriculteur, Marc Delaporte, déplore : « Cela fait deux ans que l’on manifeste et rien ne bouge, aucune décision politique n’est prise. »
Il estime qu’« on est toujours les dindons de la farce ». Il accuse l’importation de produits « qui n’ont aucune contrainte réglementaire » et « qui nous concurrencent à des prix sur lesquels il est impossible de s’aligner ».
Le soutien du maire du Touquet
Le maire LR du Touquet, Daniel Fasquelle, présent sur place dans la matinée, affirme : « J’ai toujours soutenu les agriculteurs. Ce n’est pas la première fois qu’ils viennent au Touquet : ils cherchent une action symbolique pour se faire entendre. »
Il ajoute : « Je les défends face au Mercosur. » Il rappelle que les Hauts-de-France sont une région d’élevage et affirme que, dans le cadre de cet accord, les filières d’élevage « souffriraient particulièrement ».
Selon lui, les manifestants veulent « mettre la pression sur le président de la République », dont la position sur ce dossier « n’a pas toujours été très claire ».
Un accord UE-Mercosur toujours en négociation
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est dite vendredi « confiante » dans la possibilité de signer l’accord commercial avec les pays du Mercosur en janvier. Ce calendrier intervient après un report décidé notamment par la France et l’Italie sur fond de colère agricole.
Pour la FNSEA, premier syndicat agricole français, ce report n’est « pas suffisant ». L’organisation appelle ses adhérents à rester mobilisés.
Négocié depuis plus de 25 ans, ce traité de libre-échange permettrait à l’Union européenne d’exporter davantage de voitures, de machines, de vins et de spiritueux vers l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay.
En sens inverse, il faciliterait l’entrée sur le marché européen de viande, de sucre, de riz, de miel et de soja en provenance d’Amérique du Sud, ce qui alarme les filières concernées.
