« Ils vont tout faire pour gâcher la fête… » : à l’Assemblée, socialistes et insoumis se déchirent après la suspension de la réforme des retraites

La suspension de la réforme Borne : une explosion des tensions à gauche
La décision de suspendre la réforme Borne, arrachée par le Parti socialiste mais vivement contestée par La France insoumise, a mis le feu aux débats à gauche ce mercredi à l’Assemblée nationale. Entre les deux camps, la fracture semble désormais totale et irréversible.
À quelques minutes de l’examen de la proposition visant à suspendre la réforme des retraites ce mercredi 12 novembre, Laurent Baumel, député socialiste proche d’Olivier Faure, s’attendait déjà au pire.
« Vous allez voir, ils vont tout faire pour nous pourrir l’après-midi », confiait-il. Selon lui, « les insoumis sont dans une logique de pureté idéologique, tandis que nous voulons saisir les victoires telles qu’elles se présentent. Et ils vont nous en faire payer le prix… »
Depuis des mois, les deux formations se déchirent autour du sort de la réforme Borne. Les socialistes, eux, défendent un accord avec le gouvernement permettant de suspendre le texte jusqu’en 2027. Au contraire, La France insoumise continue de réclamer l’abrogation totale de la loi, pourtant jugée très improbable.
Une confrontation publique d’une rare violence
Cet après-midi-là, les tensions accumulées ont éclaté au grand jour dans l’hémicycle.
Mathilde Panot, cheffe de file des députés insoumis, a dénoncé avec force que « les insoumis ne valideraient jamais, par leur vote, les deux années de vie volées au peuple de France ». Elle a également accusé les socialistes de tromperie :
Selon elle, leur pacte de non-censure avec le gouvernement revient à entériner « la politique de malheur d’Emmanuel Macron ».
Un peu plus loin, Olivier Faure, premier secrétaire du PS, encaisse les attaques en secouant la tête pour marquer son désaccord. Mais c’est Jérôme Guedj, responsable du PS sur le PLFSS et figure particulièrement détestée par les insoumis, qui prendra la parole pour répondre frontalement.
Ruffin et Guedj, main dans la main contre LFI
Guedj se dit « abasourdi » par les contorsions d’une partie de la gauche qui chercherait, selon lui, à éviter de voter une mesure constituant une avancée pour des centaines de milliers de Français. Ses propos déclenchent les applaudissements des élus insoumis.
Il sera rapidement rejoint… par un ancien insoumis : François Ruffin, aujourd’hui député écologiste, qui a lui aussi voté en faveur de la suspension de la réforme. Au final, le texte a été approuvé par 255 voix contre 146.
Ruffin, fidèle à son style direct, justifie son vote :
« Quand il s’agit d’un plein de chariot de courses pour les auxiliaires de vie, nous prenons. Le treizième mois pour les femmes de ménage, nous prenons. Nous prenons pour les gens, maintenant. Sans attendre le grand soir. Sans faire passer des miettes pour un festin. »
Un message lancé droit dans les yeux de ses anciens camarades de LFI.
LFI refuse le terme “victoire” et craint un financement opaque
Durant tout le débat, les députés insoumis ont refusé de reconnaître une quelconque victoire du PS.
Ils préfèrent parler de « décalage » plutôt que de suspension, et se montrent particulièrement méfiants quant au financement de cette décision.


