Gel des retraites anticipé : “On est sous le choc”, aucune hausse prévue ni sur le régime de base ni sur les complémentaires

Des milliers de retraités résidant hors de France doivent désormais prouver qu’ils sont toujours en vie. Une mesure exceptionnelle imposée par l’Agirc-Arrco, sous peine de suspension du versement de leur pension.
Un quotidien de plus en plus difficile pour les retraités
La vie devient un véritable parcours du combattant pour de nombreux Français, et encore davantage pour les retraités. Entre la hausse des prix, les factures qui explosent et des pensions qui stagnent, chaque mois tourne à l’équation impossible. Ceux qui doivent encore payer un loyer ou faire face à d’importants frais de santé voient leurs économies fondre. Même si une légère revalorisation des retraites de base a eu lieu début 2025, l’écart entre les revenus et le coût de la vie continue de se creuser, fragilisant toujours plus le pouvoir d’achat des seniors.

Des perspectives sombres pour les prochaines années
Les signaux ne sont guère encourageants. Après l’annonce d’un possible gel des pensions de base en 2026 et l’absence de hausse prévue du côté des complémentaires Agirc-Arrco, les retraités se préparent à des temps difficiles. La suppression progressive de l’abattement fiscal de 10 % réduit encore leur marge de manœuvre. Et le pire pourrait survenir dès 2027, avec les effets différés des réformes gouvernementales.
La suspension de la réforme des retraites promise à la gauche par le Premier ministre Sébastien Lecornu, officialisée le 23 octobre en Conseil des ministres, risque d’accentuer la baisse des pensions. Cette décision nourrit l’inquiétude croissante d’une génération déjà éprouvée par les précédents ajustements budgétaires.
Une réforme suspendue, mais un coût colossal
Le report de la réforme des retraites à 2028, inscrit dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, maintient l’âge légal de départ à 62 ans et 9 mois pour 2026 et 2027. En parallèle, la durée de cotisation nécessaire pour atteindre le taux plein passe à 172 trimestres. Ce sursis profite aux générations 1964 et 1965, qui pourront partir un peu plus tôt que prévu, mais il a un prix : le gel de la réforme coûtera 100 millions d’euros dès 2026 et 1,4 milliard en 2027.
Pour compenser ce manque à gagner, l’État prévoit d’alourdir la fiscalité sur les complémentaires santé et de limiter l’indexation des pensions sur l’inflation. Une décision vivement critiquée par les syndicats et l’opposition, qui y voient une nouvelle attaque contre le pouvoir d’achat des retraités.
Des contrôles renforcés pour les retraités vivant à l’étranger
Face aux fraudes, l’Agirc-Arrco a décidé de durcir les vérifications pour les retraités installés hors de France. D’ici 2030, près de 400 000 d’entre eux devront prouver leur existence, faute de quoi leur pension sera suspendue. En Algérie, la mesure sera appliquée dès 2025 avec 60 000 contrôles annuels. Selon la Cour des comptes, près d’un quart des pensions vérifiées ont déjà été suspendues pour irrégularités, souvent liées à des décès non signalés ou à des usurpations d’identité.
Le dispositif concernera également le Maroc, la Tunisie et la Turquie. Les modalités varieront selon les pays : certains retraités devront se présenter en personne dans une banque partenaire, tandis que d’autres pourront s’identifier par reconnaissance faciale via smartphone. Pour Renaud Vilard, directeur de la Caisse nationale d’assurance vieillesse, « ce n’est pas une question de finances publiques, mais de confiance dans le système. Si l’on demande des efforts aux citoyens, il faut être intraitable avec ceux qui tentent de frauder ».
Enfin, l’Agirc-Arrco prévoit de renforcer la coopération internationale entre caisses de retraite afin de détecter plus efficacement les anomalies et d’assurer une gestion plus rigoureuse et transparente des pensions versées à l’étranger.

