«Fermer les robinets de l’immigration et des subventions» : Bardella propose de passer à la vitesse supérieure face au régime algérien

Jordan Bardella, président du Rassemblement National, a frappé fort lors de son passage sur BFMTV ce 24 mars, en adressant un message sans ambiguïté au gouvernement français : selon lui, il est temps d’adopter une ligne beaucoup plus ferme vis-à-vis de l’Algérie. Ses propos ont immédiatement relancé le débat sur la politique étrangère de la France et ses relations avec les pays du Maghreb.
Ce discours intervient dans un climat particulièrement tendu entre Paris et Alger, marqué par une série de différends diplomatiques, économiques et migratoires. La question de l’expulsion des ressortissants algériens en situation irrégulière cristallise les tensions depuis plusieurs mois. À travers son intervention, Bardella entend incarner une position de fermeté et de rupture avec la politique jugée « trop conciliante » menée par Emmanuel Macron. Voici les principaux points de son intervention et leurs implications politiques.
Appel à l’Action contre l’Algérie
Dans son entretien, Jordan Bardella n’a pas mâché ses mots. Il a dénoncé ce qu’il considère comme une attitude « arrogante » du gouvernement algérien, accusé de refuser systématiquement le rapatriement de ses ressortissants expulsés de France. Selon lui, cette situation constitue une atteinte directe à la souveraineté française. Il a estimé que « la France doit se faire respecter », rappelant que l’Algérie, forte de son indépendance, ne devrait pas interférer dans les décisions souveraines d’un État étranger.
Il a également fustigé l’inefficacité des mesures gouvernementales actuelles. Malgré les annonces du ministre de l’Intérieur visant à limiter les visas pour les pays récalcitrants, Bardella estime que ces actions restent symboliques et sans véritable impact. Il a appelé à un changement radical d’approche, insistant sur le fait que « la complaisance diplomatique » doit laisser place à une politique de fermeté et de réciprocité.
Les Propositions Choc de Bardella
Le chef du RN ne se limite pas aux critiques : il avance un plan d’action concret. Il réclame la dénonciation pure et simple des accords franco-algériens de 1968, qui accordent un régime préférentiel aux ressortissants algériens pour l’obtention de titres de séjour et de visas. Selon lui, ces accords sont « obsolètes » et nuisent aux intérêts de la France. Il plaide aussi pour une suspension totale des visas délivrés aux citoyens algériens tant que le pays ne coopérera pas sur les expulsions.

Autre mesure radicale évoquée : la coupure immédiate de l’aide publique au développement à destination de l’Algérie. Pour Bardella, il est incohérent que la France continue de financer un État qu’il accuse de « mépris diplomatique ». Il estime que ces fonds pourraient être réaffectés à des priorités nationales, comme la sécurité ou le soutien aux services publics français. Ces propositions, bien que controversées, s’inscrivent dans une stratégie politique claire : renforcer son image d’homme fort et de défenseur de la souveraineté nationale.
Un Contexte Diplomatique Explosif
Les relations entre Paris et Alger connaissent depuis plusieurs années des hauts et des bas, oscillant entre rapprochement économique et crispation politique. Récemment, les déclarations d’Emmanuel Macron sur l’histoire coloniale, les restrictions de visas, ainsi que la position de la France sur le Sahara Occidental ont contribué à envenimer la situation. Dans ce climat fragile, les propos de Bardella trouvent un écho auprès d’une partie de l’opinion publique, lassée des tensions récurrentes et favorable à une politique plus ferme vis-à-vis du Maghreb.

Les propositions de Bardella ont immédiatement suscité de vives réactions dans la classe politique. Du côté du gouvernement, plusieurs ministres ont dénoncé des propos jugés « irresponsables » et potentiellement dangereux pour les relations bilatérales. À gauche, on accuse le leader du RN d’alimenter les divisions et de stigmatiser la communauté franco-algérienne. Les partisans de Bardella, eux, saluent un discours « courageux » et « lucide », en phase avec les préoccupations d’une partie des Français
Si de telles mesures étaient appliquées, elles risqueraient d’entraîner une rupture diplomatique majeure entre les deux pays. La France perdrait un partenaire stratégique dans la région du Maghreb, notamment dans la lutte contre le terrorisme et la régulation des flux migratoires. Mais pour Bardella, ce risque est secondaire face à la nécessité de « restaurer la dignité de la France sur la scène internationale ».
Cette sortie médiatique s’inscrit dans la stratégie plus large du RN à l’approche des élections européennes. En plaçant la question migratoire et la souveraineté au cœur du débat, Jordan Bardella entend renforcer sa stature internationale et séduire un électorat de plus en plus sensible aux thématiques identitaires et sécuritaires.
En conclusion, les propos de Jordan Bardella illustrent la volonté du Rassemblement National de se positionner comme le parti de la fermeté face aux puissances étrangères jugées hostiles ou irrespectueuses des intérêts français. Reste à savoir si cette ligne dure séduira durablement les électeurs ou si elle contribuera à fragiliser encore davantage les relations franco-algériennes.