Comment expliquer l’engouement mondial autour d’Aya Nakamura ?

Elle ne s’arrête jamais ! Dix ans après ses débuts, Aya Nakamura trône dans le top 3 des artistes les plus écoutées sur YouTube, derrière Rihanna et Doechii. Comment la chanteuse française a-t-elle réussi à devenir un phénomène mondial ?
Aya Nakamura continue son éternelle ascension. En juillet 2024, elle participait à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris. En quelques minutes, elle réalisait non seulement une prestation historique – la plus vue de l’histoire de la télévision française – mais elle mettait aussi fin à un long débat, souvent teinté de racisme, sur sa légitimité à représenter la France. Un accélérateur de popularité qui l’a fait connaître dans de nombreux foyers français, mais aussi à l’international.
Aujourd’hui, la chanteuse franco malienne de 30 ans représente un phénomène musical mondial : Française la plus écoutée au monde en 2019 et la plus écoutée de tous les temps sur Spotify France. « À l’international, elle est très écoutée en Allemagne, aux Pays-Bas, aux États-Unis, au Mexique, au Cambodge… », énumère Loïc Demaille, éditeur chez Spotify France, pour le quotidien Ouest-France. Arrivée troisième artiste noire avec le plus grand nombre d’auditeurs mensuels sur YouTube, derrière Rihanna et Doechii, Aya Nakamura ne cesse de surprendre ses fans. Alors comment expliquer un tel engouement, constant et durable, depuis bientôt dix ans, autour de cette artiste pop incontournable ?

Un début sur les réseaux sociaux
Avant de commencer sa carrière dans l’industrie musicale, Aya Nakamura s’est construit une petite communauté sur Instagram. « Fille des réseaux » comme elle aime se définir, elle a su en tirer avantage quand elle a décidé de se lancer : « Elle a su utiliser les réseaux sociaux. Ça a été comme un moyen pour elle d’exister et pour faire rayonner sa musique », explique Ismaël Mereghetti, journaliste et auteur d’Aya Nakamura, dictionnaire critique. Mais cela va plus loin qu’utiliser les réseaux pour la promotion de ses chansons. L’artiste a su développer un lien avec ses fans au fur et à mesure des années, en restant profondément elle-même : « Elle court-circuite cet accès indirect avec les fans, elle entretient une relation avec eux, à travers sa franchise et son honnêteté », poursuit-il.

C’est peut-être l’un des points de départ de son succès : l’artiste a toujours revendiqué son naturel, sans jamais jouer de rôle : « Elle ne s’excuse pas d’être qui elle veut être, elle impose son succès en étant elle-même, ce qui cristallise un public fidèle. Aya incarne un véritable empowerment culturel », témoigne Ismaël Mereghetti. Une attitude qui ne fait pas l’unanimité, mais qu’elle incarne fièrement. Son histoire, sa condition et là d’où elle vient, Aya Danioko de son vrai nom, ne l’oublie pas, comme elle le raconte dans une interview donnée à Vogue France en 2021 : « J’ai grandi avec des Arabes, des Africains, des Français. Ma musique, c’est ça. C’est ce qui fait la puissance de cette musique. Nous sommes une génération de métissage. Et quand on n’a pas peur de se mélanger, c’est une force. »

Un style musical bien à elle
Le succès musical de la reine de la pop Française vient avant tout d’un sens mélodique particulier. Djadja, Pookie, Copines, Jolie Nana, Baby… Chacun de ses titres devient un tube presque naturellement. A travers chaque album et chaque morceau, elle renouvelle ses refrains et ses gimmicks : « Elle crée à chaque fois de nouveaux mots, avec une ligne mélodique qui va rester en tête et créer quelque chose qui n’existait pas avant », poursuit le journaliste. La chanteuse s’est créé un style unique en mixant des sonorités africaines, afro caribéennes et du R & B aux inspirations américaines, qui parle à différentes générations : « Ma musique, ce mélange de toutes les sonorités africaines, des Caraïbes… C’est ce qui m’entoure, ce qui se passe autour de moi. Les personnes avec lesquelles je travaille, l’endroit dans lequel j’ai grandi. Il y a plein d’origines différentes », témoignait-elle pour Vogue.
Son univers musical aborde des sujets universels – l’amour, les émotions, les relations – avec une franchise et une sincérité rare : « Elle dit les choses sans vulgarité, mais sans détour non plus, en utilisant des métaphores ou des nouveaux termes », conclut le spécialiste de l’artiste.