« C’est taxer la mort »: Braun-Pivet fait polémique sur l’héritage « tombé du ciel », Boudjellal enrage

L’entrepreneur Mourad Boudjellal s’en est pris sur RMC à la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet après ses propos sur la taxation de l’héritage. L’élue a dénoncé mercredi « un truc qui tombe du ciel », alors que les droits de succession, qui peuvent s’élever jusqu’à 45%, sont très mal perçus par les Français.
L’héritage, c’est « un truc qui tombe du ciel » et il faut y mettre fin. C’est ce qu’assure en substance Yaël Braun-Pivet, la présidente macroniste de l’Assemblée nationale qui appelle à taxer davantage les héritages: « Le truc qui vous tombe du ciel, à un moment ça suffit », a lancé l’élue ce mercredi sur France 2.
Selon elle, « la circulation des richesses de génération en génération ne se fait pas bien, et ça n’est pas sain », alors que l’héritage (de biens immobiliers, de société ou d’argent) en ligne directe est taxé à 5% en dessous de 8.000 euros et jusqu’à 45% au-dessus de 1,8 million d’euros, après déduction d’un abattement.
Des propos qui scandalisent de nombreux Français déjà outrés de devoir payer de telles sommes après la mort de leurs proches: « Elle dit une grosse bêtise », déplore ce vendredi sur le plateau des Grandes Gueules l’entrepreneur Mourad Boudjellal. « Je viens d’un milieu pauvre, mes enfants vont hériter. Et quand on travaille beaucoup toute sa vie, c’est au détriment de sa vie de famille, avec ses enfants. Cela a un prix qu’on ne peut pas taxer dans l’héritage », déplore-t-il.
« Ma vision de la vie, c’était de beaucoup travailler pour mettre mes enfants à l’abri. Alors j’ai beaucoup travaillé et payé beaucoup de taxes et impôts de mon vivant. Et pour moi, vouloir taxer l’héritage, c’est taxer la mort », ajoute Mourad Boudjellal.
« Yaël Braun-Pivet a dit une grosse bêtise et je souhaite que ses enfants puissent hériter de ses poules sans rien payer dessus », tacle-t-il.
Des biens immobiliers plus taxés que leur valeur?
Car la taxation de l’héritage ne concerne pas que les grosses fortunes. Elle concerne aussi des biens immobiliers ou des sociétés: « La maison de mes grands-parents a été taxée lors de l’héritage transmis à mon père puis lors de l’héritage qu’il m’a transmis, donc cette maison a été plus taxée que sa valeur », se rappelle sur RMC et RMC Story Julien, ouvrier viticole.

« On aide nos enfants, nos petits-enfants, on va transmettre notre maison et on sera taxé, je suis hors de moi », s’énerve Martine, retraitée. « J’ai été ouvrière toute ma vie, j’aurai pu rester en location mais j’ai acheté ma résidence principale, j’ai payé des taxes aussi, je suis révoltée, c’est honteux », poursuit-elle.
Pour éviter de payer trop d’impôt sur l’héritage, les parents peuvent effectuer des donations de leur vivant à leurs enfants, donations exemptées d’impôts jusqu’à 100.000 euros tous les 15 ans. Et d’autres moyens de contournements existent: « Il y a 1000 façons de ne pas payer l’impôt sur la mort », assure Mourad Boudjellal. « Si c’était raisonnable, il n’y aurait pas de problèmes mais aujourd’hui, des gens vous contactent pour ça et c’est bien dommage », conclut-il.
La président de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet ne veut pas s’en prendre aux petits héritages mais vise les supers riches. Elle entend mieux taxer les successions de dizaines de millions d’euros, qui se transmettent depuis plusieurs générations et grossissent à force de placements et de rentes.

Des différences européennes, jusqu’à 88% de taxes en Espagne
L’héritage est diversement taxé en Europe. L’Autriche, Chypre, l’Estonie, la Lettonie, Malte, la Roumanie, la République tchèque, la Slovaquie et la Suède ont aboli les droits de succession tout comme la Norvège, selon les données récoltées par Statista.
Ces droits de successions sont inférieurs à 20% en Italie, au Portugal, en Bulgarie, en Croatie, en Islande ou encore en Pologne en Hongrie et en Lituanie.
Les autres pays appliquent une fourchette selon la somme héritée, qui peut dépasser les 40% en France. Et les Français ne sont pas les moins bien lotis. Chez nos voisins belges, ce taux atteint les 80%. Et dans certaines régions d’Espagne, il culmine à 88%.