Abbé Pierre : Cette femme miraculée qui a longtemps partagé sa vie
C’est une femme de l’ombre, mais dont les actions ont changé la vie de million de personnes : proche de l’abbé Pierre, Lucie Coutaz a tout partagé avec lui. Secrétaire, partenaire, associée et meilleure amie, elle a longtemps été indissociable de lui, son double discret mais essentiel. Trop souvent oubliée, elle est mise à l’honneur dans un nouveau film.
L’abbé Pierre, en couple ? La question surprend. Entré dans les ordres dans les années 30, alors qu’il n’est âgé que d’une vingtaine d’années, l’homme n’a pas pu avoir d’histoire d’amour. Mais cela ne l’a pas empêché d’être accompagné toute sa vie d’une femme essentielle à son parcours, Lucie Coutaz. Une femme rencontrée pendant la guerre, et qui l’a suivi jusqu’au bout.
En 1943, celui qui n’est encore que le vicaire Henri Grouès, est un membre actif de la Résistance. Il a 32 ans et cherche des alliés pour des faux papiers destinés aux Juifs qui doivent partir en Suisse. Dans ce cadre, il fait la connaissance de Lucie. Agée de 45 ans, elle est passée, comme lui, par la religion après avoir été sauvée par un miracle à Lourdes, et est syndicaliste chrétienne sous couverture à Notre-Dame-de-Sion. C’est le coup de foudre entre eux, un coup de foudre amical qui ne se démentira jamais.
« L’abbé Pierre a aussi besoin d’aide pour diffuser les journaux pour les jeunes qui veulent fuir le STO. Lucie maîtrise le secrétariat, est organisée… ils sont parfaitement complémentaires« , raconte en effet Frédéric Tellier, qui sort mercredi prochain un film sur leur duo, incarné à l’écran par Benjamin Lavernhe et Emmanuelle Bercot.
Tous les deux vivront ensemble la fin de la guerre, la période pendant laquelle l’abbé Pierre devient député mais surtout la création d’Emmaüs. Rapidement, c’est en effet l’organisée Lucie qui se charge de gérer l’organisation représentée dans les médias par l’Abbé Pierre. Plus discrète que lui, elle est essentielle au projet.
« Sans elle, Emmaüs n’existerait pas. C’est ce qu’affirment tous les compagnons […] et ils disent vrai« , expliquait d’ailleurs l’Abbé Pierre dont l’association aide toujours ceux qui en ont le plus besoin aujourd’hui. Passée par l’Assistance Publique, la jeune femme formée au secrétariat développe l’association jusqu’à sa mort, en 1982, à 83 ans.
Et « s’ils ne sont pas un ‘couple’ au sens biblique du terme« , comme le rappellent nos confrères de Gala, tous les deux vivent ensemble et c’est chez l’Abbé Pierre, à Charenton-le-Pont, dans le Val-de-Marne que Lucie décède, veillée par son ami. Vingt-cinq ans plus tard, en 2007, c’est Abbé Pierre qui s’envolera à 94 ans après une infection.
Et même dans la mort, selon Frédéric Tellier, pas question de séparer les inséparables : » Il est enterré à Rouen, à Esteville « , raconte le réalisateur. « Sous un simple parterre de graviers, sur lequel est posé un Christ en métal à même le sol, aux côtés de ses ‘compagnons’… et aux côtés de Lucie Coutaz« . Un duo inséparable !